« Je suis née aux Pays-Bas, où mon grand-père paternel était ministre  des affaires Intérieures dans les années cinquante. Je me souviens de la  séparation de mes parents où nous avons été rejetés de cette branche de  la famille et ainsi de leur « fortune ». J’ai grandi ensuite avec un  questionnement toujours plus douloureux sur le pouvoir et l’argent.
 Après avoir suivi une école d’Art à Amsterdam, j’ai commencé à  fréquenter un groupe de la gauche radicale. Forte de l’expérience des  squattes, je deviens batteuse du groupe Punk underground « The Ex », en  même temps je dessine pour des magazines politiquement engagés.
 Une période de voyages a suivi. Ensuite, je m’installe à Paris pour  suivre des cours au Louvre et apprendre la technique des glacis à  l’huile des maîtres anciens. Pour gagner ma vie durant cette période je  travaille comme réceptionniste dans des Salons professionnels pour des  entreprises comme Renault, Alcatel , etc… Je me sens alors très décalée  dans ce milieu aux antipodes du précédent, que j’observe profondément  pour essayer de le comprendre.
 En 1993 je m’installe en Bourgogne et je me consacre exclusivement à la  peinture. La rencontre d’un agent arabe me permet de réaliser, sur  commande, des portraits hyperréalistes de Cheiks d’Arabie Saoudite. En  parallèle, je produis une série de toiles personnelles où apparaît déjà  une silhouette en costume et cravate.
 Tout ce parcours m’a amené naturellement au thème des « Hommes  d’affaires », titre générique des séries à venir où des attitudes  typiques de cette classe de la société sont représentées. Ce sont des  toiles de deux mètres de haut aux dimensions d’une porte et réalisées à  l’huile avec beaucoup de empâtement.
 Peu à peu j’ai abandonné cette approche picturale pour développer une  technique proche de la sérigraphie qui joue sur le recouvrement et  l’effacement. Le support classique a été également remplacé par des  plaques de médium ou de PVC de format industriel ( 244 cm par 122 cm ).  Les proportions et les dimensions de ce format rappelle l’écran de  cinéma et permettent d’envisager des formats divisibles en carrés et  modulables.
 Pour ces travaux, je recueille une documentation iconographique lors de  réunions et de réceptions d’affaires tant économiques que politiques.  Ces photos répertoriées sont ensuite retravaillées numériquement,  déformées et transformées pour recréer un nouvel univers et de nouvelles  mises en situation. »